· 

Plaidoyer pour une plante délaissée, la Ruta graveolens

Ruta graveolens, ou rue officinale, rue de jardins, rue fétide, ou encore, herbe de grâce, est un arbrisseau de la famille des Rutaceae, originaire d'Europe méridionale.

Le nom de genre, Ruta, viendrait du grec ruô, je conserve, ou bien reô, je coule, en allusion aux propriétés médicinales, surtout emménagogues, de ces plantes. A moins qu'il ne vienne du grec reuo, libérer, en rapport avec l'efficacité de la plante à libérer le corps de nombreuses maladies.
Le nom d'espèce, graveolens, vient lui du latin, qui signifie, à odeur forte ou désagréable.
Ce nom lui fut donné par 'notre père à tous', Linné.

L'utilisation de la rue remonte à l'antiquité. Les Grecs l'employaient, entre autre ? et comment?, contre la sorcellerie des étrangers ou des inconnus, alors que dans le recueil des cent soixante-huit recettes compilées et attribuées à Apicius, gastronome romain ayant vécu à la charnière du premier siècle de notre ère, elle faisait partie des dix indispensables ingrédients de base pour la préparation d'un mets, en compagnie de poivre, de garum, d'huile, de miel, de livèche, de vinaigre, de vin, de cumin et de coriandre !

Au moyen âge, la rue servait lors des incantations contre les sorcières, et elle entrait dans la composition du vinaigre des quatre voleurs, ce breuvage que les pillards des victimes de la peste buvaient afin de se protéger de la contamination...
Elle était aussi réputée pour éloigner, outre les maladies, toutes sortes d'insectes dont les puces, les pucerons, etc...
Mais elle avait et pourrait avoir encore aussi, de nombreuses utilisations médicinales, lors des problèmes menstruels, de céphalées, de vertiges, et autres. Elle fait d'ailleurs toujours partie de la pharmacopée homéopathique, et entre encore aujourd'hui dans la composition de la grappa et autres boissons alcoolisées.
Ses propriétés toxiques doivent toutefois inciter à la plus grande prudence, elle ne doit être utilisée que sous contrôle médical. De même qu'il est recommandé de ne la toucher qu'avec précaution car ses feuilles peuvent provoquer des dermites aux peaux sensibles.
 
Enfin, certains esprits fâcheux trouvent que son odeur est franchement désagréable.

Mais alors pourquoi donc, devrait-on la remettre à l'ordre du jour dans nos jardins ?

Pour toutes sortes de raisons et déraisons. En premier lieu, elle est belle. Ses feuilles profondément découpées en folioles ovales sont bleutées, sa floraison jaune est lumineuse, et surtout très longue, elle s'étale de mars à août et grâce capitale à nos yeux, adeptes de la biodiversité, très mellifère. Toutes sortes d'insectes trouvent dans ses jolies et nombreuses petites fleurs, quantité de nectar, sucs et autres nourritures délectables. Enfin, la femelle du machaon, le plus beau papillon de nos contrées, délaisse facilement les feuillages des ombellifères pour pondre ses œufs sur celui de la rue.

Si ce petit article vous a convaincu et que vous voulez absolument avoir un plant de rue chez vous, voici quelques conseils. Il est préférable que votre terrain soit calcaire. La plante devra impérativement être en plein soleil. Elle se développe assez largement, il faut lui prévoir un emplacement de un mètre carré, au moins. Pour le reste, une fois bien plantée, elle est d'une sobriété exemplaire, et n'est sujette à aucune maladie. Enfin, comme elle se ressème, je peux de temps en temps vous en donner un sujet.

 

Tavotte Teurtroy

Écrire commentaire

Commentaires: 1
  • #1

    Anne Teurtroy (mardi, 18 juin 2019 15:58)

    bravo et merci, les illustrations sont très belles, vive la rue!