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Les Odonates - Des demoiselles pas si demoiselles que ça !

On pense toujours beauté et légèreté lorsque l’on observe les libellules et on oublie le principal : la difficulté de vivre quand on est un insecte.

 

La vie d’une libellule n’est pas de tout repos.

Au commencement c’est un œuf pondu soit à même dans l’eau, soit dans le creux d’une tige de plante, soit fixé sur la végétation, ou encore enfoncé dans les sédiments. L’embryon peut se développer tout de suite après la ponte et poursuivre son évolution ou se mettre en diapause pour éclore le printemps suivant. Une larve primaire aquatique voit le jour et va subir plusieurs stades larvaires. En moyenne chaque larve effectue entre 11 et 13 mues (exuvies). Petit à petit se développent pattes, tarses, antennes, fourreaux alaires, appareil génital, et les yeux s’agrandissent. Les larves sont carnivores et peuvent se manger entre elles. Leur masque en forme de cuillère leur sert à attraper les proies. La phase larvaire peut durer de 6 -10 semaines à 5-6 années. Puis vient le dernier stade ou la larve sort de l’eau, c’est l’émergence. Quelques jours avant, les ramifications brachiales se résorbent et le masque perd sa fonctionnalité.

 

Pontes:

  Anax empereur

Agrion jouvencelle

Orthetrum à stylet blanc


Commence alors la dure épreuve de la transformation, où la larve aquatique devient terrestre, et doit changer son système respiratoire.

La larve se hisse sur la végétation rivulaire et quitte son enveloppe larvaire en déchirant son dos. Elle met jusqu’à trois heures pour émerger, pour durcir son corps et sécher ses ailes.

Un jeune imago s’envole et finit sa métamorphose après son premier envol. C’est la phase où l’insecte sans défense subit le plus de prédation. Chaque juvénile entame une phase de maturation sexuelle où il va acquérir ses couleurs définitives.

Le dimorphisme sexuel est souvent présent chez les libellules. Les mâles arborent des couleurs bien vives à maturité alors que les femelles sont souvent plus ternes avec des variations polymorphiques parfois importantes au sein d’une même espèce, d’où la difficulté d’identifier les femelles.

 

Les stades:

Larve Anisoptère

Exuvie

Onycogomphe à pinces


Après ce dur moment évolutif vient l’époque de la reproduction, période un peu ‘’barbare’’ pour les femelles. Les mâles vont se saisir violemment des femelles en vol grâce aux appendices abdominaux qui vont s’ancrer derrière la tête de la femelle.

Très souvent les mâles se volent une femelle toujours en plein vol, dans des battements d’ailes effrénés, audibles au proche observateur. Lorsque la femelle accepte le mâle, elle replie son abdomen sous le thorax du mâle pour s’ancrer à l’appareil copulatoire de celui-ci et forme ainsi une figure nommée cœur copulatoire.

Selon les espèces l’accouplement peut durer de quelques secondes à quelques heures. Les mâles sont territoriaux, se lançant souvent dans la défense de leur territoire en fonçant sur les intrus passant à proximité.

 

Accouplement :

Orthetrum bleuissant  

Naïade aux yeux rouges


Comme toute espèce animale, vivre c’est se reproduire et donc de perpétuer l’espèce.

La vie d’un adulte Odonate se compose d’une période de maturité, d’une période de reproduction et d’une période de vieillissement. S’ensuit la mort. La longévité maximale est de 15 à 77 jours. Un cycle complet (de l’œuf à l’adulte) représente un peu moins d’un an, le déclin intervient à la fin du cycle de reproduction ; c’est sans compter sur la prédation et les aléas climatiques.

 

L’ordre des Odonates comprend deux sous-ordres : les Zygoptères (du grec zygo : joug, attelage ; les ailes de même taille sont attelées ensemble, jointes) et les Anisoptères (du grec anisos : inégal ; les ailes sont inégales), une centaine d’espèces (genre et sous-genre).

La métamorphose est un dur labeur chez nos amis les insectes et la condition féminine souvent difficile ! C’est une course à la vie semée d’embuches mais tellement passionnant pour nous observateurs

 

Commentaire : Nathalie VERGER

Photos : Didier et Nathalie VERGER

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